L'allaitement maternel comme vecteur d'autonomie des mères

La vie comme un art

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L'Oms recommande un allaitement maternel au sein exclusif pendant 6 mois, puis un allaitement accompagné d'une alimentation équilibrée jusqu'à l'âge de deux ans, minimum.

Pour avoir allaité mes deux filles pendant deux ans chacune, je peux apporter mon témoignage sur l'allaitement et ses bienfaits en matière d'autonomie et de prise de confiance en soi.

Bien entendu, les débuts de l'allaitement n'ont pas coulé de source, mais une fois mis en place, après les trois ou quatre premiers mois de découverte, ce fût un plaisir et une arme d'autonomie massive.

 

Je n'avais pas besoin de préparer un biberon, simplement d'ouvrir mon chemisier et de câliner mon enfant. Je me souviens de ce sentiment de fierté incroyable quand j'ai compris que je nourrissais moi même mon enfant avec mon corps et que mon bébé n'avait besoin de rien d'autre que de moi pour être rassasié. J'étais la nourriture de ma fille, son espace de réconfort et de tendresse. Quel honneur incroyable. J'étais utile à la vie au monde, à travers l'enfant que mon corps avait su fabriquer.

 

Une fois ce constat établi, rien n'était joué ! Car pour fabriquer le lait de mon enfant, il fallait que je mange correctement et ça voulait dire chez moi qu'il fallait que je mange beaucoup ! Il a fallut que je me fasse plaisir dans mon alimentation pour avoir envie de bien manger pour bien allaiter. Mon alimentation personnelle prenait un tout autre sens car elle devenait le début de la chaîne alimentaire du lait de mon bébé ! J'ai donc pu découvrir une toute autre importance de bien me nourrir.

 

La nuit, ayant pratiqué le cododo (*dormir avec ses enfants dans le même lit) je n'avais pas à me lever pour nourrir mon enfant. Je soulevais simplement mon tee-shirt et lui mettais le sein dans la bouche avant de me rendormir. Il n'y a jamais eu aucun problème. Bien au contraire. Nos nuits n'étaient que tendresse -si on enlève les marres de lait froid qui se vident seul quand les seins étaient trop pleins... Les risques du métier !

Puis mon bébé a grandi et nous avons pu partir toutes les deux en explorations de notre univers. Je n'ai jamais eu peur de manquer de quoi que ce soit pour ma fille à l'extérieur. Parce que j'étais ce qu'il lui fallait. Je la calais dans son écharpe de portage et nous sortions explorer les rues de Casablanca en toute liberté. Quand elle avait faim, elle mangeait. Je mettais deux couches dans mon sac à main et le tour était joué.

Par contre il a fallut que je modifie certaines choses, oui.

Je n'ai plus travaillé de la même façon... Je me suis organisé pour pouvoir rester avec mon enfant le temps de son développement et de mon apprentissage du métier de mère. J'ai donc crée maman.ma pour pouvoir travailler avec mon bébé en répondant à un vrai besoin sociétal au Maroc et en France. Les digital mums étaient en train d'investir le net et ma fille et moi y sommes allées ensemble et ce fût une aventure extraordinaire, qui au lieu de me priver de lien social, m'en a gorgé jusqu'à plus soif.

Je n'ai jamais eu de vie sociale aussi riche que les années où je me suis adapté à l'allaitement de ma fille. Cette adaptation a changé toute ma vie et mon mode de pensée en me montrant que non seulement j'étais capable de m'occuper d'une autre vie que moi, mais qu'en prime, j'y trouvais plein d'autres raisons de vivre, autrement.

Quelle place pour le papa dans cette aventure ? Une place essentielle : celle de père.

Le père de mes filles qui est un excellent cuisinier a pris très à cœur sa fonction nourricière de la mère nourricière. J'ai pu bénéficier de ses bons petits plats réfléchis pour que mon lait soit riche pour notre enfant. C'était devenu un jeu. Il me nourrissait et je nourrissais notre enfant. Il a aussi pu me décharger de toute la logistique qui devenait très lourde pour moi avec un nourrisson : faire les courses, gérer le quotidien des factures et des rentrées d'argent.

C'est un aspect important à prendre en compte : un allaitement coûte cher. Il y a un salaire en moins qui rentre. Certes.

Mais un allaitement rapporte aussi : car il y a du bonheur à la maison et le bonheur, ça motive à vivre et à "gagner sa vie". La mère qui reste à la maison a une autre vision du monde : elle accède à l'information toute la journée, elle communique avec le monde d'une autre façon et peut donc dans ses échanges et ses relations sociales privilégier fortement les affaires de la famille en fonction des alliances qu'elle fera avec les autres familles et fera faire au père de ses enfants... Elle devient une alliée inestimable, disponible et très bien renseignée pour peu qu'elle en fasse l'effort.

J'avais pu remarquer aussi que plus j'étais épanouie dans ma maternité et plus toute la maison était épanouie. Je la décorais, je prenais soin du père de mes enfants par mille petites attentions, j'apprenais des techniques de soin personnel sur le net et les mettais à disposition de mon amoureux et il en faisait de même...

C'était un cercle vertueux qui m'était permis parce que mon choix d'allaitement, mon choix de mise à disposition de mon corps pour mon enfant, me le permettait, me l'apprenait et m'enrichissait focnièrement en tant que personne. Par l'allaitement j'ai appris à me sentir être une bonne mère et ce sentiment a construit toute ma vie par la suite.

Je crois sincèrement que cet équilibre familial est possible quand chacun a la sensation profonde de servir à quelque chose dans sa famille. Et l'allaitement permet ça, pour toute la famille, directement ou par ricochet.


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