La femme est la mère, pas de choix.

La vie comme un art

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Hier soir je me suis retrouvé face à une question, ou plutôt, un nouveau point de vue : et si je me trompais complètement dans les choix que j’ai fait pour mes enfants et moi ?

Avant même de devenir enceinte, j’ai concilié mon métier de journaliste avec ma maternité afin de ne jamais cesser de travailler. Je me suis immergé dans la maternité comme d’autres journalistes le feraient dans la guerre ou dans les faits divers. J’ai voulu faire de ma vie mon travail et de mon travail ma vie car je ne crois pas en la possibilité d’une conciliation vie professionnelle et vie familiale sans qu’elle ne soit au détriment des plus faibles c’est à dire de la femme elle même et surtout des enfants.

Je crois en l’harmonisation de l’existence et en la cohérence de choix de vie afin que l’équilibre familiale soit toujours respectée et reste le centre d’intérêt, l’objectif de vie de tous les membres de la Famille.

J’ai donc commencé mon livre Immersion bien avant que ma première fille ne soit dans mon ventre en enquêtant auprès des femmes enceintes ou qui souhaitaient le devenir, en lisant des livres, des thèses, des expertises… Me disant que tout ce travail de recherche et d’enquête paierait forcément à un moment ou à un autre soit à travers un livre, soit à travers une spécialisation. Je me considère toujours, à chaque moment de ma vie, au travail et rien de mon existence n'est pensé hors de la sphère professionnelle car je ne sépare pas ma vie en différentes sphère, je vis, c'est tout et c'est cela aussi mon travail.

Une fois mon enfant arrivée, avant même ses trois mois, j’ai crée mon propre médias indépendant afin de ne pas être tributaire des contraintes et des horaires d’un emploi qui me serait fourni par quelqu’un d’autre et qui n’aurait donc pas à prendre en compte ni même à être informé de mes spécificités familiales. Ce qui est intéressant avec la maternité c'est que la société ne la considère jamais comme un travail si elle n'exclue pas la mère de l'enfant dans sa pratique. Le travail de la maternité commence quand on parle de la maternité des autres, en excluant forcément la sienne, sans ça ce n'est plus un travail, mais une filiation. Mon travail n'a donc jamais était considéré comme un travail alors même que je m'époumonais par des arguments censés à en démontrer l'évidence. Si je voulais travailler dans la maternité et la petite enfance, cela devait forcément être sans mes enfants pour que cela soit reconnue comme un travail.

J'ai continué malgré tout, sans être reconnue comme la professionnelle que je suis pourtant.

Je ne voulais pas déléguer mon principal travail : mes enfants. J'ai donc dû repenser la vie autrement que le modèle qui était proposé socialement et professionnellement afin de respecter la physiologie et l'évolution de toute ma famille. Car le fait que j'ai mes règles et doive rester à la maison deux jours pour pratiquer le flux instinctif libre qui permet de rester en bonne santé ou que la petite dernière ne supporte plus la cantine ou même que la grande veuille tester l’athlétisme ne rentre pas dans les ambitions de carrière des patrons, mais restent des thèmes centraux des mères de familles qui n’ont pas délégué ou abandonné leur poste d’éducatrice auprès de leur enfant. Je voulais donc pouvoir gérer mon temps et surtout garder la main sur l’éducation de mes enfants, leur santé, ce qui passait forcément par la gestion et le contrôle total de mon temps et de mon organisation globale.

En 2008-2009 la presse et les revenus publicitaires étant en pleine mutation et la précarisation des journalistes faisant rage, j’ai rapidement compris que si je voulais garder ma pleine indépendance de ton, ma liberté de parole et de penser, je devais générer moi même les ressources financières qui feraient vivre mon projet. Si je voulais continuer à dénoncer les grands lobbies qui nous intoxiquent nous ou nos enfants avec des produits toxiques ou ne pas subir la désinformation massive et ultra violente sur les femmes concernant leur santé ou celle de leurs enfants, je devais générer mon propre argent.

Ainsi en 2010 la "Mom boutique" voyait le jour sur mon site Internet et à sa suite naissaient les Mompreneurs Maroc, puis ma boutique bordelaise, transformée en boutique numérique pour pouvoir toujours m’occuper de mes filles autant que de mes affaires malgré la séparation d'avec le père de mes enfants et mon célibat prolongé.

Tous ces choix m’ont permis une expérience de vie ultra riche et l’acquisition de savoirs et de valeurs de qualité. Je pense également que mes choix ont permis à mes enfants de grandir sous ma protection et toute mon affection, entièrement dédiées chaque jour, à chaque moment de la journée à leur bien être et leur bon développement psychique et physique.

Pour leur scolarisation j’ai choisi une jolie petite école publique de quartier qui les initie aux langues depuis la maternelle et dont le niveau, bien que moyen, voir mauvais, reste très respectable par rapport aux autres écoles dont je trouve globalement tous les niveaux très mauvais. L’école de mes enfants s’en sort donc plutôt très bien dans la médiocrité scolaire ambiante.

Depuis 5 ans, je m’acharne à mettre dans mes filles quelque chose que je ne saurais pas définir avec des mots… Une sorte de gentillesse en même temps que de goût de se battre, une envie de changer le monde et de le sauver en même temps qu’une soif de vaincre et de réussite. Un goût des autres et une envie de victoire personnelle. Je pensais sincèrement jusqu’à hier que tout cela n’était possible que dans la précarité. Parce que je pense que l’éducation, la très bonne éducation en tout cas, se fait dans la sincérité, la vérité et surtout l’exemple. Ce que ne permet pas l'hypocrisie englobant l'argent et la richesse.

Comment expliquer à un enfant qu’il faut être bon et honnête quand soi même on ment et se comporte comme une pourriture pour payer les factures ? Comment leur apprendre que l’amour est gratuit et sublime quand soi même on supporte un abrutis de mari qui ne nous supporte plus, pour le confort construit ensemble... Comment apprendre le respect de son corps et de celui des autres quand soi même on se comporte comme la pire des putes en baisant des adultes à peine pubère ou que l'on rentre à la maison complètement défaite à des heures impossibles ?

Compliqué. A moins de se mentir à soi même sur les compétences de déductions des enfants qui ne sont pas des débiles simplement parce qu'ils sont des enfants.

Je me suis sentie propre pendant ces 5 années en travaillant avec mes petites dans ma boutique conçue pour elles, en allant chercher à manger au Resto du cœur plutôt que renoncer à donner ce temps précieux que je conservais jalousement pour mes enfants et moi même… Je me suis sentie fière en faisant mes créations moi même à la maison et en faisant le repas du soir que je posais victorieusement tous les soirs sur la table comme un cadeau. Pas de restaurant pour nous, pas de loisirs chez nous... Du travail, de la rigueur et peu de déplacement, c'est vrai.

Et si je m’étais trompé ?

L’effroi. Hier soir j’ai réalisé que les femmes qui n’ont pas fait mes choix ont pu avancer dans leur carrière à un rythme autrement plus rapide que moi pour atteindre un niveau très élevé… Elles sont journalistes, gèrent leurs sociétés de communication, femmes politiques ou chef d’entreprise. Elles voyagent dans le monde entier, paient des écoles privées à leurs enfants, des cours de langues, des ateliers, des loisirs, des éducateurs spécialisés et professionnellement formés à la bienveillance, l'écoute active, des psychologues compétents spécialistes en neuroscience, des athlètes coach sportif à domicile…

Et si j’avais tout faux ? Si j’avais privé mes enfants de tout le fun de la vie par égoïsme, pour ne pas me séparer d’elles parce que, non pas j'aurais privilégié leur bien être, mais parce que j’étais simplement incapable de m’en séparer ? Par peur, par lâcheté, par mécanisme de défense massive psychologique contre une éducation et un passé personnel traumatisant ?

Et si je m’étais trompé ?

J’aurais privé mes enfants de leur père et du confort qui allait avec une vie où les deux parents cohabitent ? J’aurais privé mes enfants des loisirs et des formations qui auraient pu leur ouvrir les portes de l’élite de demain ?

La pire angoisse existentielle pour une mère consciencieuse : celle d’avoir fait les mauvais choix pour ses enfants.

Et pour moi ? Aie-je fait les bons choix ou juste foutu ma vie en l’air par bêtise autant que par insolence et entêtement ? Est ce qu’en refusant tout ce bonheur qui m’était promis en échange de l'utilisation de mes fameux "talents" si j’avais supporté la société comme elle se proposait à moi je ne me suis juste pas tiré une balle dans les deux pieds dans un grand éclat de rire comme une grosse teubé qui se retrouve seule, célibataire au bas de l'échelle après 10 ans de spécialisation et d'approfondissement dans la pleine fleur de l'âge d'une beauté qui ne reviendra pas ?

Je ne sais pas.

Je vois tout les travail que j’ai fait... Et même s’il me rend fière et que je vois toute sa valeur et son potentiel, je vois également comme je suis écrasée, volé, pillé, matraqué à travers lui… Je vois mon âme être transférée comme par perfusion dans des pourritures qui la transforment en l’argent que je ne gagne pas en continuant de respecter mes choix. Et je me pose forcément cette question : vas-tu continuer à laisser les autres te marcher sur la gueule, te voler et te mépriser, prendre ton travail, tes idées, ton âme, sans rien dire, ni faire ?

Je ne sais pas. C’est la seule réponse qui me vient.

La réponse en action que cela nécessite est au delà de ce que je suis capable de supporter. Il faudrait que je dénonce, que je me salisse, que je mente, triche un peu, compose... Rien que d'y pensé (ce que je n'arrive pas à faire) j'en serais fatiguée.

Je me dis que ce qui fait ma richesse, c’est moi… Et que même si toutes mes données sont volées, mon travail pillé et mon âme travesti et fouettée sur la place publique contre paiement, je suis moi. Et je crois que c’est notre fonction sur terre, notre projet et notre récompense : la chance unique d’être juste, nous même.

J’espère et je prie pour que mes choix ne soient pas nocifs à mes enfants et au contraire, qu'ils leur soient, comme je le souhaite, comme je le construis, comme je lutte chaque jour : une force, un atout, un cadeau, de moi, à elles pour qu’elles aient elles aussi cette chance incroyable de vivre en étant toujours au plus près d’elles même. Respectées. Par elles même avant tout.

 

 

 

 

 

 

 


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