Le rôle du père dans l'allaitement maternel

La vie comme un art

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C'est une question (que je trouve hyper étrange) que l'on m'a posé de nombreuses fois quand je parle d'allaitement maternel : "Et le papa, s'il veut nourrir son enfant ?" J'hésite souvent entre le rire et le désespoir devant cette question... Et le Papa, s'il veut accoucher ???

Et bien non, le Papa ne pourra vraisemblablement pas allaiter son enfant. En tout cas, pas en juin 2017 en France... Alors comment peut-il s'investir lui aussi dans l'arrivée de son bébé ?

Je vais vous faire une confidence et rendre à Franck Mathiau ce qui appartient à Franck Mathiau. Le père de mes filles. Jamais je n'aurais pu allaiter mes deux filles sans lui et sans son soutien et son aide active à mes côtés lors de la mise en place de mon allaitement. Ce qui me fait dire, que jamais je ne serais la mère que je suis, s'il n'avait pas été le père qu'il est.

Quand j'ai accouché de ma première fille, la salle d'accouchement de la clinique s'est rapidement vidé, nous laissant seul, Franck, notre bébé et moi. Je n'avais absolument aucune idée de la façon de nourrir mon enfant. Ma fille est née avec un mois d'avance et même si je m'étais renseigné de fond en comble sur mon accouchement, je n'étais pas encore arrivé à la recherche d'information sur l'allaitement et je pensais sincèrement que ça allait couler de source lactée.

Une fois l'enfant dans les bras, j'avais franchement l'air bête. Je ne savais pas quoi faire. C'est là qu'une femme de ménage est passé avec son balai à la main qui flottait dans son seau et qu'elle m'a félicité. J'ai gentiment répondu merci, un peu groguie par l'accouchement et j'ai demandé à Franck si je devais l'allaiter... La femme de ménage qui était resté pour admirer ma fille, m'a répondu que oui, que je pouvais le faire tout de suite et en même temps qu'elle me demandait la permission de le faire, m'a attrapé le sein pour le mettre dans la bouche de ma fille.

J'en garde un souvenir un peu amer. Je me souviens de ses mains qui lâchaient son balai avec lequel elle faisait le ménage pour mettre mon sein dans la bouche de mon enfant... Aujourd'hui avec le recul, je me dis qu'heureusement qu'elle était là ! Parce que la suite a démontré que la clinique n'était pas du tout pro-allaitement maternel et que je n'aurais certainement pas eu la chance d'allaiter si cette femme de ménage ne m'avait pas permis de le faire tout de suite.

Une fois dans la chambre, ce sont mes amies sur Internet qui m'ont expliqué comment faire parce que j'avais déjà mal au bout de quelques tétés et pire, quelques jours plus tard, c'est en saignant que je devais allaiter. Une expérience terrible, très douloureuse. Quand ma fille se réveillait, je n'étais plus dans la joie de la voir, mais dans la crainte de la douleur qu'elle allait me faire subir...

En allaitant sur le côté comme mes amis m'avaient conseillé, ça allait mieux, mais j'avais mal tout de même... et j'en étais intérieurement très triste.

Au bout de quelques semaines de ce traitement, je me suis découragée. J'ai voulut arrêter un nombre incalculable de fois. Mes amies m'ont toujours soutenue en me disant que la douleur allait s'atténuer, que j'avais fait le plus gros, que c'était l'histoire de quelques jours et après je serais soulagé et ça deviendrait un vrai bonheur... Je leur ai fait confiance parce qu'elles avaient allaité. Mais ce qui m'a le plus permis de tenir bon, c'est un évènement particulier avec son père.

J'ai pété un câble. La douleur, la fatigue, les changements, le manque de confiance et l'échec de l'allaitement, j'ai tout envoyé bouler en bloc. J'ai posé la petite sur le lit à côté de son père et je leur ai dit sèchement, à eux deux avec le lyrisme légendaire qu'on me reconnait partout dans le monde : "Foutez moi la paix ! Démerdez vous !"

Et je suis sortie de la chambre.

J'ai vu son regard choqué quand j'ai quitté le lit de colère. Mais surtout, j'ai entendu quand il m'a crié "Oh ! Tu te calmes, tu ne lui parle pas comme ça !!!"... Cette phrase m'a fait atterrir direct. Parce que je pensais que j'étais seule contre tous avec mon tout petit bébé qui me faisait souffrir affreusement et je lui découvrais un allié de taille pour la défendre : son père. Je crois que c'est à ce moment précis que j'ai compris qu'on était vraiment une famille et que lui et moi nous défendions la même cause : notre bébé.

Par la suite, pendant tout le long de mon allaitement j'ai été très choyé par le père de mon enfant, comme pendant tout le long de ma grossesse, sur le plan alimentaire comme sur le plan logistique. Je ne cuisinais jamais rien, je demandais ce que je voulais manger et il me le préparait. On avait mis en place comme un jeu qui nous faisait répondre à mes envies alimentaires pour répondre au besoin nutritif de notre enfant. Pour bien nourrir notre enfant, il fallait que je me nourrisse bien et que donc je sois à l'écoute de mes besoins et de mes envies.

Je n'avais que mon bébé et mon allaitement comme préoccupation, ce qui était déjà un gros travail avec de lourdes responsabilités à découvrir pour moi et c'est le soutien du père de ma fille qui m'a permis d'allaiter sereinement mon enfant et de passer de la position couchée, à la position légèrement couchée sur le dos, puis à la position assise avant de pouvoir être vraiment autonome au bout d'un mois ou deux et de pouvoir sortir faire les 400 coups en toute liberté avec mon bébé sans jamais m'occuper de lui prendre autre chose qu'une couche de rechange. Oui, car elle mettait des couches, je n'avais pas encore découvert l'HNI.

En continuant à s'occuper de moi comme si j'étais encore enceinte du 10ème puis 11ème mois de grossesse, avec un bébé en plus, le père de mon enfant m'a fait gagner mon allaitement et a permis que je mette en place une vraie douce harmonie dans la maison parce que j'ai pris confiance en moi, en ma capacité de femme, de mère et de "femme du foyer".J'ai investi ma maison, j'ai conquis ma cuisine, j'ai imposé mon pouvoir directeur, ma force de femme et je suis devenue la mère que je rêvais d'être, avec l'homme que j'avais choisi pour traverser cette aventure avec moi.

J'ai gagné en confiance en moi et j'ai construit une relation forte entre mon enfant, son père et moi pendant deux ans, avant que je demande encore une fois au père de mon enfant, de m'aider à me défaire de l'allaitement en prenant le petit déjeuner tout seul avec notre fille pour qu'elle ne me tète plus le matin et c'est ainsi que nous avons terminé notre allaitement, comme nous l'avions commencé, tous les trois, ensemble.

Donc à la question "Et si le Papa veut nourrir son enfant ?" je répondrais "Pendant 5 mois, qu'il nourrisse la mère".


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