Tu ne seras pas une pute ma fille…

La vie comme un art

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Depuis trois ans je suis célibataire.

Depuis deux ans je suis abstinente sexuelle.

 J’ai réduit ma vie sexuelle à néant en me concentrant sur mon travail de mère au foyer parce que je voulais faire les choses bien sans me pervertir ni pervertir mes enfants et aussi, parce que -avouons le- j’étais totalement passionnée par un amour platonique et sublime qui me portait bien plus haut que là où je me pensais capable d’aller.

 J’ai nourri cet amour autant que possible afin qu’il puisse me transporter au delà du réel et qu’il me fasse découvrir ce que j’avais au fond des tripes quitte à les vomir parfois.

 Un amour hors norme, pour un inconnu, un amour d’une beauté inégalée…

 La fidélité que j’ai investi dans cet amour m’a aussi permis de faire le tri entre ce que j’attends d’une relation amoureuse et ce que j’attends d’une façon générale de mon expérience de vie sur terre…
Depuis que je suis enfant, je fais en effet ce rêve fou de trouver un homme qui m’aimera pour ce que je suis et non pour tout l’apparat social que je peux représenter. Un homme qui saura avoir conscience que socialement je sais avoir de la valeur, mais que ce n’est pas ce qui m’intéresse forcément parce que je pense que la simplicité est la plus grande vertu sur terre après l’humour.

 En face de cela, j’ai ce désir de conquête, de puissance et de construction de mon univers qui me pousse à vouloir utiliser des stratégies tellement clean qu’elles en rendent ma victoire encore plus triomphante ! Je veux triompher sans me salir. Je veux gagner sans tricher.

 Je veux bosser sans sucer. Car là est la victoire ultime.

 J’ai donc capitalisé mon célibat et ma maternité à grand renfort de communication sur mes valeurs, sur mon abstinence, ma recherche d’amour absolu et ma précarité officielle, qui m’exempte de toutes coucheries vénales, en pensant qu’au moment de ma mise en rayon sur le marché sentimental, je serais un produit rare et pur à prendre, lavée de tous soupçons…

 Dernièrement me sentant prête, je me suis donc lancé courageusement sur le marché ! C’est fait ! Je suis officiellement un cœur à prendre. J’ai passé une petite annonce sur Linkedin pour me pécho un gentil petit mari (chacune ses tactiques), sauf que mon message a fait un mini buzz de quasi 169 000 vues et que j’ai reçu des centaines de propositions en quelques jours...

 Force est de constater que le marché des maris ne connaît pas la crise !!!

 Malheureusement, après des jours et des jours de recherche active, la foudre n’a pas encore frappé sur mon crâne et l’heureux élu n’est toujours pas au bataillon… J’ai alors repris ma routine quotidienne en travaillant à lancer la boutique en ligne du site et pour cela, tant qu’à faire, j’ai signalé sur le ton de mon humour ravageur que le monde entier envie à la France, qu’un prétendant mari qui m’achèterait mon stock marquerait forcément des points pour obtenir le poste...

 Fatal Error.

A la suite de ce post, un homme m’a demandé si ce n’était pas un peu de la prostitution… Je me suis posé la question… Est ce que le fait d’utiliser l’attrait que l’on peut susciter sentimentalement pour inciter les autres à nous aider à vivre en nous achetant notre travail manuel peut être considéré comme de la prostitution ? En réalité, je pense que oui. Complètement.

Mais ce qui m’a le plus marqué dans cette réflexion, c’est qu’en face d’un monde dans lequel une femme à poil vend du crédit à la consommation, ou des hommes en slip vantent la qualité d’une boisson, mon clin d’œil putatif incitant mes prétendants à acheter mes créations pour avoir mon affection -bien que légitime selon les règles du jeu en vigueur dans lequel nous baignons tous-  était si mignon qu’il était saisissant de voir avec quelle rapidité il effaçait instantanément mon célibat, mon abstinence, ma recherche d’absolu et tout le long travail que j’ai mis en place pour trouver un homme bien qui voit en moi une femme bien. Car voilà que je me retrouvais assise sur le même banc que les femmes de mauvaise vie : les putes. Et ce n'est pas la première fois.

 La route est longue et semée d’embûches pour les femmes qui tentent de défendre des valeurs saines parce qu’elles le sont… Le monde est à ce point habitué à se faire baiser, qu’au moindre pas de côté, c’est fini, tout s’arrête et vous voilà fiché par ceux là même qui savent très bien le poids de ce que vous portez... Ils sont capables de créer un droit à la faute pour les impôts, mais pas pour les humains… Une petite erreur, un  mot mal compris, une image mal cadrée efface toute une vie de travail… C'est la règle du jeu.

 Si tu es une femme digne, si tu réussis à le rester, expliques leur toujours longuement pourquoi, malgré tout ce qu’ils peuvent en penser, tu n’es pas une pute, ma fille. Mets y du cœur et ne t’arrêtes pas. Chante le, écris le et revendique le avec joie. Quand un seul en doute, repars leur dire à tous, car tu es née ma fille, pour qu’ils laissent ta vie, douce et que ta paix fasse loi.

 


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