Le droit de draguer

La vie comme un art

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Que je le veuille ou non, je provoque des réactions. Bonnes ou mauvaises. Comme tous. J’aime créer l'émulsion. Pas la provocation. Je m’en amuse et ça fait partie de moi de toute façon, mais il a fallut que j'apprenne à m'en servir...

 En grandissant j’ai appris à savoir moins provoquer en m’adaptant pour comprendre plutôt comment faire réagir plus positivement. J’ai tout simplement appris à utiliser les codes sociaux, ce qui n'est pas inné chez moi, mais me demande encore un effort intense sur de nombreux domaines parce que je dois lire les gens qui sont en face de moi et faire attention à respecter leurs codes qui sont rarement les miens vu que je vis dans ma bulle et que mon monde est très… Construit.

Il a fallut du temps pour que je prenne goût à la provocation autant qu'à l'émulsion et que j’en profite au lieu de la subir. Que je m’en amuse et que j’en joue en me disant que de toutes façons, il y aura une réaction qui sera de l'ordre de la provocation, parce que la vie en société implique un manque de liberté qui fait que chacune de nos actions de liberté peut être perçue par un autre comme provocatrice. Mais que je pense que je peux assumer ce que je suis dans les yeux des autres, cette image qui n'est pas ma réalité et que je peux contrôler au mieux et en jouer à mon avantage, sans pervertir l'intention première que j'avais.

C’est notamment ce que j’essaie de faire quand je tente de séduire un homme. J’ai besoin de provoquer des émotions très fortes et de savoir que l’homme que j’aime est capable de supporter ces émotions fortes et de m’en faire vivre en retour d’aussi brûlantes parce que ce sont mes besoins primaires. Par mon hypersensibilité, en vivant les choses plus intensément, que ce soit en bon comme en mauvais, j’ai besoin d’avoir quelqu’un à mes côtés qui est résistant au choc et sait répondre en conséquence.

Pas évident.

Ce qui se joue avec les nouveaux médias indépendants comme mon site, les réseaux sociaux ou la communication sur Internet de manière générale est exactement ce qui se joue dans les rues avec le « harcèlement de rue » par exemple. Des gens vivent leur vie avec leur propre code de séduction et leur propre puissance sexuelle et d'autre lisent cette vie d'une façon incohérente par rapport à leurs intentions premières et ça fait de la merde. C’est le droit à la séduction qui est en jeu et notre capacité à rentrer en relation amoureuse les uns avec les autres. Notre droit individuel à la séduction et notre façon personnel de dire à l’autre qu’on a clairement envie de lui, qu’on assume de le lui montrer, de le lui dire et de le faire comprendre à tous quitte à en troubler plus d’un.e avec qui il ne se passera rien s'il répond à notre appel…Tout en laissant voir à tous notre niveau de charme amoureux et sexuel quand on rentre en mode séduction...

Que se passe t-il dans la société depuis que l’humain est humain ?

Nous avons des hommes qui cherchent l’amour et des femmes qui font de même. Tout simplement.

Là où nous avons tous des efforts à faire je pense, c’est dans la réécriture des codes de séduction que nous avons à retranscrire, adaptés au nouveau millénaire et aux modes de communication qui se sont révolutionnés tellement rapidement qu'ils nous ont tous semé.

Il n’y a pas d’un côté les putes et de l’autre les gros connards. Même si ce serait tentant de réduire toutes relations sociales entre hommes et femmes à ces deux cases traduisibles par la néo expression de "pervers.e narcissique". Une séparation mise en place aussi artificiellement qu'elle est naturelle, car travailler à mieux diviser tout le monde permet de nous vendre nos gosses produit par gpa, pma, gpa et plein de sigles pour cacher la réalité qui est que la vie est à vendre et qu’on va bientôt acheter nos enfants si on n’apprend pas à communiquer et à vivre ensemble sans s’agresser.

Les hommes et les femmes, utilisent des codes visuels parfois ancestraux pour communiquer leur recherche amoureuse depuis toujours. La communication amoureuse a un vrai langage à lui. Des codes qui se sont affinés avec le temps, pour que par leur utilisation, de façon tacite, chacun puisse faire son petit business sans se prendre des grosses lattes qui dégoûtent de vivre et de parler encore à un membre du sexe opposé.

Mais ces codes amoureux dépendent de la culture, du lieu de vie, du groupe sociale, de l'ethnie, de la langue, de la religion et de beaucoup de composantes qui ont été chamboulé en moins de 50 ans, ce qui a été trop rapide pour que chacun et chacune puissent avoir les nouveaux codes et s'y adapter correctement.

Certains codes visuels, communément attribués aux prostitués par exemple, comme le rouge à lèvre rouge, les cheveux rouges, les talons hauts vernis noir ou rouge, les résilles, les micro jupes, les décolletés plongeant et tous vêtements qui montrent ou moulent le corps ou encore les cheveux libres et fous sont clairement un appel au sexe en France en 2018. La femme qui les utilise dit implicitement qu’elle cherche un homme sexuel parce qu’elle est elle même sexuelle. Qu'on nous dise le contraire si ça peut faire plaisir à la personne qui le dit, mais la réalité est là. La fille qui porte tous ces codes dit qu'elle est chaude, qu'il faut foncer avant que quelqu’un d’autre le fasse. Il y a cette idée d’immédiateté dans ces codes là qui disent « si tu veux alors prends moi vite où je donne à un autre », ça appelle à l’action immédiate pour ne pas dire à l’attaque blitzkrieg.

Les tractations financières autour de ces codes impliquent de savoir qu’un rapport d’argent est implicite dans ces accessoires qui suggèrent à l’homme que s’il a de l’argent, il pourra faire ce qu’il veut sexuellement de la dame qui s’en est attichée. Elle affiche alors par là qu’elle a réduit ses besoins de réflexion ou de partage intellectuel contre une aisance financière et la satisfaction matériel de ses besoins, voir de ses caprices, aussi futiles soient-ils. Effort mental moindre garanti, c'est très reposant pour un homme un peu réfractaire à l'idée de devoir partager une relation avec une femme plus cérébrale qu'il faudra écouter et comprendre. En réalité -et cela n'engage que moi- c'est très reposant pour tout le monde. C'est dit.

Alors oui, effectivement avec cette photo, j’allume un peu au bazooka comme une chienne en sortant l’artillerie lourde et en mettant en danger l’image que je donne et surtout l’image de moi que peut avoir mes enfants qui tomberont fatalement sur la photo sachant que mon site est souvent ouvert sur mon ordinateur posé sur la table du salon. Une image sexualisée, d’une femme adulte qui veut serrer un type qu’elle kiffe et sur lequel elle fantasme depuis plus de 2 ans… (Une vieille image en plus. Le truc pas très honnête...)

Grâce à Dieu, mes filles savent que je suis très amoureuse de quelqu’un depuis longtemps et en leur expliquant que j’ai tenté de lui plaire en publiant cette photo, je pense qu’elles vont juste exploser de rire, avoir cet œil de pitié pour moi qui rame pour arriver à séduire le même homme depuis tant de temps sans succès (un regard que j’aime beaucoup voir dans leurs yeux tellement il est empathique pour moi et plein de tendresse) et puis je pense qu’elles passeront à autre chose sans me tenir rigueur d’avoir encore essayé de plaire à cet homme qui fait partie de notre Maison tellement mes tentatives de séduction sans grand succès nous amuse.

Depuis bientôt 3 ans, à travers ces échecs amoureux de séduction foireuse, j’ai tenu à ce que mes filles sachent faire face à un chagrin d’amour. Selon moi c’est la pire chose qui peut arriver au monde. C’est le chagrin d’amour. Je tenais à ce que mes filles, à travers moi, aient l’expérience de ce dépassement dans le chagrin d’amour que j’ai su mettre en place à force d’avoir l’impression, parfois à juste titre, que j’étais en train de mourir de chagrin et que ma vie était vide de sens si elle était vide de la personne que j’aimais.

J’ai tenu aussi à me faire vivre un chagrin d’amour sublime, que je contrôle et que je valorise au lieu qu’il me détruise comme l’amour a toujours fait avec moi depuis le jour où il est rentré en moi.

Je ne meurs plus d’un chagrin d’amour, je ne me suicide plus par amour ! Je crée par amour ! J’invente par amour ! Je mets le feu par amour et je ris de moi dans ce que j’ai de ridicule à m’acharner à répondre OUI à cet amour qui ne me parle même pas…

Alors oui, c’est un chagrin d’amour et parfois il me prend à la gorge et cherche à me tuer, Il me donne une image de moi catastrophique et cherche à me faire faire n’importe quoi, mais j’ai appris à lui donner une érection en réponse, à le faire éclater de rire ou à l’émouvoir au lieu de lui tendre une corde pour me finir. Je me pose à côté de lui et je lui souris en disant simplement « tu fais quoi toi ? » pendant qu’il m’étrangle. Alors on cohabite. Un peu.

Je pense que la charge est de la taille de la puissance de l’adversaire ou de l’idée que l’on en a. Et j’aime charger. Si je pensais que ce chagrin d’amour était impuissant et qu’un gentil décolleté aurait suffit à lui faire tourner la tête vers mes minis boobs, j’aurais adapté mon tir.

Et puis en vérité, l’occasion a fait le larron. Cette photo a un an aujourd’hui. Je pense qu’il y a un an je n’aurais pas forcément assumé cette photo, mais grâce à lui, à ce chagrin d’amour tout en maîtrise, j’ai pris en assurance et en pouvoir. Le pouvoir de dire sans parler : si je t’attrape, tu vas crier mon nom. Parce que, tellement je t’aime, tellement j’ai faim de toi, depuis tellement longtemps, tellement mon objectif de vie est devenue de te faire jouir, de te voir jouir, de jouir de toi, que simplement en touchant ta main je pense que j’aurais le plus bel orgasme de ma vie…

On est effectivement en plein dans la sexualité avec cette photo qui appelle au sexe, parce qu’on est dans la forme physique de l’amour que je porte et que je veux donner, à une personne précise…

Après, si cette personne n’en veut pas, ce n’est pas perdu pour tout le monde et ça permet de laisser entrer des secondes bases qui seront autant d’alliés et de solutions de repli en cas de refus définitif.

Mais il faut bien que les hommes qui voient cette photo comprennent une chose : si je voulais me faire déglinguer par eux, ça fait longtemps qu’ils le sauraient car je leur aurais dit. Je pense que chaque homme doit avoir conscience qu’une nana qui poste une photo de chaudasse sur Internet ne demande pas à 483 personnes de lui dire qu’elle est trop bonne… Mais à une seule. C’est son droit à la séduction, avec la puissance qu’elle a et les armes qu’elle décide d’utiliser. Au mieux je pense que vous pouvez lui envoyer des poèmes ou des fleurs pour vous placer en deuxième base... Qui sait.

Mais faut-il punir les jolies petites allumeuses de leur refus d’éteindre les feux qu’elles allument ou les laisser allumer l'homme qu’elles aiment au risque de brûler le quartier ?… Je pense qu’il faut savoir rentabiliser son temps dans des vies riches et remplies de joie, de tendresse, de rire et d’arbre qui font des fleurs de toutes les couleurs…

 


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