Depuis que j'ai commencé à coudre, mon dos connait quelques problèmes. Je fais donc attention à lui par tous les moyens.

A force de passer mon temps assise en train de coudre il y a deux ans et après m'être retrouvé bloquée une ou deux fois du coccyx au point de devoir consulter pour qu'on m'aide à me débloquer, mon dos a commencé à me faire souffrir, ce qui ne m'était jamais arrivé.

Depuis un an je fais donc un peu plus attention à mon dos qui est devenu sensible. A mon avis, mon troisième étage sans ascenseur et les courses de la semaine n'y sont pas pour rien non plus... J'avais l'habitude de porter mes courses à bout de bras. ce qui était juste un cauchemar. Et puis j'ai remarqué que si je portais mes courses sur ma poitrine, contre mon torse, mon dos était déjà mieux soulagé.

Mais il y a quelques jours, j'ai oublié mon sac à courses et je me suis retrouvé avec un carton de l'Epicerie solidaire pour porter mes courses. Tout mon corps me criait de poser ce fichu carton sur ma tête si je voulais pouvoir rejoindre la maison debout !!! Alors je l'ai fait.

Quand j'étais petite, au Cameroun, il arrivait que la maison n'ai plus d'eau parce que le ravitaillement connaissait un problème, alors ma mère et mon père nous envoyaient chercher de l'eau au puis mes frères et soeurs et moi. On prenait tout ce qu'on avait de bidon, de seau et de bassine et on partait en expédition au puis qui était dans un petit village à côté pour ramener de l'eau que l'on s'amusait à porter sur nos têtes.

J'en ai un excellent souvenir parce qu'il fallait être habile pour ne pas tout faire tomber, en se disant que si les femmes du village y arrivaient alors nous aussi on devait y arriver aussi bien qu'elles ! J'aimais beaucoup quand on était tous de corvée d'eau. Mais au vu des séances de bouderies de mes frères et soeurs beaucoup moins enthousiasmes, je crois que je n'étais pas représentative de la fratrie !

Toujours est-il que j'en ai gardé en plus d'un bon souvenir, un sentiment de confort dans la façon de porté et surtout une grande fierté de savoir le faire ! Car quand on porte sur la tête, le corps se positionne d'une façon majestueuse, le poids de ce que l'on porte se place au centre de notre corps par le sommet donc il y a une sorte d'équilibre qui est respecté et qui fait que le corps n'a pas mal et avance dans un mouvement de dignité que je n'ai jamais vu dans aucune autre démarche.

Il y a une autre composante à prendre en compte, c'est le rythme de marche et la respiration. Quand je porte sur la tête, je remarque que ma respiration est normale, voire lente et mon pas aussi. Je ne me presse pas, j'avance. Ni trop vite, ni trop lentement parce que je ne veux pas renverser ce que j'ai sur la tête et parce que je me sens bien à cause du niveau de concentration mentale pour gérer l'équilibre, associé à la marche.

Le seul problème qu'il me reste à résoudre, c'est la gestion de mes bras ! Il faudrait que je sois plus efficace pour être capable de lâcher mon paquet sur ma tête et porter sans les bras parce que les bras tirent et deviennent douloureux, donc en attendant de savoir porter comme une déesse, j'alterne un bras après l'autre pour avoir toujours un bras au repos.

Il faut que je m'entraîne avec un tissu posé sur ma tête entre la charge et mon crane parce que je pense vraiment que ça manque dans le confort du porté. Mais il faut préciser aussi que le carton que j'avais sur la tête menaçait de s'ouvrir par le bas !!!

Je trouve dommage qu'en France le fait de porter sur la tête soit tout de suite vu comme un acte d'appel à une prise en charge psychiatrique alors que je pense sincèrement que cela devrait être la façon évidente de porter ses courses. Pour soulager nos dos.