Apprendre à se servir d'un coiffeur

La vie comme un art

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J'ai grandi dans un salon de coiffure. Je connais les salons de coiffure. Mais ça, c'était avant...

Quand on a les cheveux bouclés ou crépus, notre parcours capillaire en France est ponctué de prise de bec, de larmes à la sortie des coiffeurs, de déprimes qui durent le temps que la couleur/défrisage/permanente/WTF s'estompent et d'un sentiment d'injustice profond.

Très jeune, un nombre assez conséquent de personnes s'est acharné sur ma tête pour me transformer en rendant mes cheveux "dociles". Cela fait donc grosso modo 37 ans (oui, je suis née avec beaucoup de cheveux) que les autres pensent qu'il faut dompter mes cheveux en tirant dessus, en les plaquant, en les lissant ou en me brûlant le crâne jusqu'à ce qu'il saigne sous les croûtes qui s'en décrochent. Bon appétit si vous passez à table :-*...

37 ans que l'on me fait comprendre à travers mes cheveux que je suis une sauvage et que je dois m'adapter au monde civilisé en suivant les recommandations merdiques de gens qui en réalité n'y connaissent nada et veulent juste du fric à mes dépends psychologiques et physiques (voir même économiques parfois).

Je ne crois pas avoir rencontré de coiffeur bienveillant qui voulait sincèrement mon bien avant cette coiffeuse du Petit Salon qui m'a recommandé de ne pas me teindre les cheveux en gris parce qu'ils étaient beaux comme ils étaient...

Les coiffeurs et moi, nous nous connaissons par coeur. Surtout moi.

A force, j'avais même réussi à développer une vraie technique d'utilisation du coiffeur en disant précisément ce que je voulais, en montrant de façon explicite et exagérée que je surveillais chacun des gestes pratiqués et en exprimant très clairement et avec la plus grande précision le geste que je voulais voir exécuter devant moi pour le résultat précis que je voulais atteindre quitte à passer pour la plus grande emmerdeuse de la terre. En gros, le ciseau, jamais dans mon dos hors de ma vue. C'est la seule et unique façon pour moi d'aller chez un coiffeur.

Moi qui suis d'une gentillesse sincère, j'ai dû comprendre que si je ne voulais pas passer les prochains jours à déprimer sur la mort de mes cheveux et ma tête au carré, je devais m'obliger à cette mesure d'austérité et à ce ton de pétasse-exigeante-qui-va-te-faire-un-procès-pour-une-coupe-ratée-parce-que-je-connais-des-gens-qui-connaissent-des-gens-qui-parlent-moldave-alors-hein...

J'ai mis tellement de temps à peaufiner ma technique que je me suis habitué à assumer mes visites chez le coiffeur et surtout leur résultat. Chaque fois que j'ai posé un pied chez un coiffeur, je l'ai choisi pour m'en servir comme d'un outil qui n'a pas réellement son mot à dire, mais doit réussir à rester fort et surtout créatif et à apporter sa touche quand même, avec moi, car sans cette touche là je ne l'aurais pas choisi. Mes coiffeurs étaient donc toujours testé avant par un brushing basique afin que je puisse envisager de leur confier ne serait ce que mes pointes...

Mais là, je vous parle d'un temps qui date de trop longtemps... Cela faisait des années que je n'avais pas posé mon divin popotin dans un salon et au lieu de chercher LE coiffeur avec lequel je pourrais avoir une relation de travail comme je fais d'habitude, j'ai voulu tenter d'être une conne. Je me suis dis que j'allais essayer un truc nouveau, pas cher, me jeter dans le grand bain comme le font les autres filles qui n'ont pas à faire un BEP coiffure pour savoir se faire un chignon toute seule... J'ai voulu tester ce sentiment de choisir un coiffeur non pas parce qu'on va bosser avec lui sur notre tête, mais parce qu'il était là et qu'il était le moins cher sur le site mesciseaux.com

J'aurais fumer de la beuh en m'injectant du cognac par intraveineuse j'aurais été dans le même état de débilité. J'ai donc choisi Mick&Adam et je leur ai confié 4 ans de pousse de cheveux naturels. Je me suis dit qu'avec un brushing je ne prenais pas de risque, que ça se passerait forcément bien parce que jamais je n'ai entendu qu'une coiffeuse avait démoli une crinière avec un simple brushing...

Bienvenue en 2018 Carole !!! Elle m'a laminé. Les pointes étaient brûlées avec le lisseur surpuissant qui n'était pas encore utilisé dans les salons de coiffure où j'allais avant (on peut utiliser une datation au carbone 14 pour retrouver ma dernière visite dans un salon je crois), mais surtout, ce qui m'a étonné au delà de ma déception de ne pas avoir un brushing à la brosse et sèche cheveux, c'est qu'après ce brushing, j'ai une mèche de cheveux qui ne répond plus. Elle est complètement décédée. Elle ne boucle plus du tout. Tous mes autres cheveux ont perdu de leur ressort, mais bouclent à peu près comme ils peuvent et cette pauvre grosse mèche sur le côté fait franchement pitié.

je me suis demandé comment c'était possible parce que moi j'étais resté au temps où tu payais encore une fortune pour avoir les cheveux lisses et donc les coiffeurs ne te vidaient pas une bouteille de je-ne-sais-quoi pour te raidir les cheveux de force alors que tu venais juste pour un brushing...

Et bien voilà ma mise à jour est faite, sur mon caillou... J'ai bien compris, merci.

Je pense que la coiffeuse m'a mis un produit lissant proche des défrisages, qui s'active avec la chaleur et je crois que ce produit lissant est réellement un gros gros danger pour les cheveux bouclés et naturels puisqu'en une seule utilisation il défrise complètement les cheveux les plus sensibles (ceux du côté et du dessous) qui ne retrouvent plus jamais leur forme originelle.

Pendant plusieurs jours j'ai réfléchi à ce que je pourrais faire face à ça... Tous ces sentiments que j'avais dépassé depuis longtemps et qui revenaient parce que comme une teubé je leur avais ouvert la porte pour les installer à la meilleure place de ce que je suis... 

Non, je n'ai pas le droit de torturer des coiffeuse avec des pinces monseigneur. Non, je ne peux pas écrire des mails d'injures à des sites Internet qui ne font qu'encaisser l'argent et faire le relais entre les professionnels et les clients. Non, les quelques euros que j'ai payé ne me soulageront pas si on me les rends, ils ne me rendront pas mes cheveux...

Verdict.

Je ne peux m'en prendre qu'à moi. Parce que je le savais. Parce que j'ai voulu essayé. Parce que je suis comme ça, à vouloir tester en sachant très bien que ça ne va pas fonctionner, que ce sera un échec, que ce n'est pas pour moi et que c'est encore moi qui vais chialer... Je donne une chance malgré tout, j'y crois encore, je fonce, je donne ce que j'ai de plus précieux en espérant que le miracle se produise et puis je mange ma race et réfléchis à pourquoi, comme prévu, ça a foiré et comment on peut faire pour que ça ne foire plus, pour les plus fragiles. Comme s'ils en avaient quelque chose à foutre les plus fragiles que j'aille me faire cramer les cheveux, bousiller les cils ou défoncer les ongles pour expliquer en quoi c'est de la merde de faire de la merde... Je me suis retrouvée dans cette mèche décédée...

Alors, j'ai mis des jours à accepter cette mèche, ces cheveux lisses qui pendouillent au milieu de ma superbe chevelure qui fait déjà moins la maligne avec ce qu'on lui a mis dans la gueule de façon totalement artificielle et je me suis dit que tout ça, ce bordel sur ma tête, c'est mon histoire et c'est ma victoire.

Ma victoire sur moi de ne pas les avoir trucidé, ni eux, ni mes cheveux. Ma victoire sur toutes les coiffeuses prétentieuses et incompétentes qui m'ont pourri la vie depuis tant et tant de temps. Celles qui auraient pu me transformer en ce montre de méchanceté que je ne suis pas devenu. Ma victoire sur la coiffure que j'ai appris à aimer et à comprendre, autrement. Parce qu'il m'aura fallut 37 ans pour assumer que c'est moi qui suis responsable de ma tête, c'est moi qui assume ce qui s'y passe et c'est donc moi qui confie ma tête à des dégénérés sans que personne ne me force. C'est même moi qui leur donne un pourboire après qu'ils m'aient massacré simplement parce que la jeunesse doit être encouragé à travailler au lieu de sucer des bites pour de l'argent ou vendre de la coco et c'est moi qui continue à leur dis bonjour tous les jours, en essayant le plus possible de ne pas serrer les dents pour retenir un vieux nikomouk qui voudrait se faire la malle entre mes dents pour leur dire ce que je pense de leur travail d'arriérés mentaux.

C'est moi qui gagne contre toute la négativité de ce monde qui n'est pas le mien, qui me fait du mal pour de l'argent, pour se faire croire qu'il se fait du bien...

Moi et ma mèche lisse allons bien. Hamdoulilah. Nous nous acceptons de mieux en mieux comme nous sommes avec nos erreurs qui pendouillent et faisons de chaque jour une victoire et un cadeau que partageons en de fabuleuses aventures, comme un trésor, une expérience unique et une chance sublime : celle de vivre.

Gloire à Dieu seul pour tous les bienfaits qu'Il nous donne et pour son humour, aussi. Je t'aime mon Dieu et je te remercie pour cette mèche de victoire.

 


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