La beauté comme GPS

La vie comme un art

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Je sais que je suis en bonne santé parce que je me trouve jolie. Si je ne me trouve pas jolie, c’est que quelque chose chez moi est défaillant et je dois le corriger. Ma beauté est le reflet de ma bonne santé.

Et c’est la conception que j’ai de la beauté d’une manière générale. La beauté est l’expression visible de la bonne santé autant physique, que mentale. Un esprit apaisé, serein rayonne dans un corps dont il prend soin. Voilà les secrets d’un être beau pour moi. Il brille.

J’ai souvent une grande réflexion autour de la beauté parce que c’est quelque chose de très important pour moi. Pas seulement ma propre beauté physique, mais la beauté du monde qui m’entoure, que j’accepte ou refuse en fonction de mon degré d’intolérance aux moches. Et cette phrase dit tout.

Je vais vers ce que je trouve beau et je laisse et évite ce que je trouve moche.

Mais d’avis de mes amis et de ma famille, en matière de choix d'homme par exemple, j’ai des goûts très spéciaux il paraît. Je ne vais pas dire que les amoureux que je choisis sont moches, mais les gens l’ont souvent dit pour moi…

Pourtant, à mes yeux, les gens que je choisis sont les plus beaux du monde avec des qualités humaines (et sexuelles) qui n’ont rien à envier aux gens qui sont considérés comme beaux par les autres filles. Chacune d'entre nous choisissons notre amoureux en fonction de nos besoins génétiques et je pense que les miens sont plus larges grâce à mon métissage. C'est ma théorie. Je pense que les hommes et les femmes se choisissent parce que génétiquement, ils s'estiment compatibles pour créer ensemble un humain de qualité qui aura les forces que chaque famille a transmis à l'un et à l'autre pendant que chacun des défauts génétiques d'un des parents sera comblé par les qualités de l'autre parent.

Pour moi le coups de foudre est le résultat de cette lecture réciproque du corps et du visage de l'autre et d'une opération chimique, électrique et hormonale qui délivre un shoot électrique et hormonal si les deux sujets sont compatibles pour obtenir un bébé qui peut engendrer une belle descendance. Sans ça, l'inverse peut se produire par le dégoût, le rejet de l'autre,  ce rejet "épidermique" qui prévient les sujets qu'ils n'ont strictement rien à faire ensemble.

Et donc toute ma vie est organisée comme ça, dans ce décalage de ma conception de la beauté par rapport aux normes sociales. Ce que je trouve beau est souvent atypique aux yeux des autres : mes voitures, mes appartements, mes vêtements, mes animaux de compagnie… Ce n'est pas du tout que c'est moche, mais c'est qu'on y aurait pas forcément pensé, alors que pour moi ça coule de source limpide.

Il y a deux jours, profitant de mes règles et d’avoir fait tombé une bouteille de jus de pomme d’agriculteur local que je conservais précieusement pour mes filles, je me suis retrouvé au sol en train de me vider des larmes que je n’ai pas eu le temps ou le courage de verser au mois de mars. J’en avais gros.

J’avais l’impression de vivre le syndrome de la biscotte cassée des enfants. Ce moment où l’enfant rentre dans une détresse sans nom parce qu’il a cassé sa biscotte, la biscotte n’étant plus là que le révélateur de l’anxiété accumulée…

Donc face à ma biscotte à moi étalée dans tout mon salon, sur ma table, les chaises, le fauteuil… Je me suis mise à pleurer ma race. Pour finir en position fœtale par terre, au pied du fauteuil où je ne m’assois jamais… Ou personne ne devrait jamais s’asseoir d’ailleurs… Bref, le lendemain, j’avais les yeux bouffis, la bouille de ceux qui ont perdu un proche et je n’étais franchement pas fraiche.

Il ne m’en faut pas plus pour me recadrer. La seule image de moi moche suffit à me remettre sur la route de la lutte et à reprendre les choses en main. Parce que je ne veux pas être ni moche, ni en mauvaise santé. Parce que j'ai ce sentiment que si je mets un pied là dedans, je n'en sortirais jamais et je descendrais dans le caniveau, ce serait le début de ma déchéance.

Autant le fait de vieillir ne me dérange pas (voir m’amuse beaucoup), mais autant les signes de fatigue, de surpoids, de maladie, je ne peux pas. Les boutons qui s'étalent sur mon visage quand je rentre en stress, mes lèvres sèches quand je ne pense même pas à boire tellement je suis absorbée par une tâche, la cellulite qui gagne mon cul si je mange n'importe comment et que je ne bouge pas, mais aussi la stature que prend mon corps si j'ai trop mal au dos parce que je me charge comme une mule.  C’est trop pour moi. J'observe tout, tout le temps, au fur et à mesure. Et donc je lutte.

Mais que veut dire lutter ? Lutter ne veut pas dire se faire du mal et se combattre pour nous empêcher de devenir quelque chose ou courir au salon de beauté payer très cher quelqu'un qui va nous éviter de regarder ce qui ne va pas en nous en nous prodiguant les bons soins physiques qui ne répondront pas à notre détresse mentale. Non.

Lutter chez moi signifie, revenir à l’intérieur de ce que je suis, de la douceur qui me compose et m’en nourrir moi même : prendre soin de moi. Ecouter ce que j’ai à me dire et le prendre en compte, même si c'est difficile, juste m'écouter et m'entendre. Ecouter que le mois de mars a été d’une violence sans nom pour moi et que j’avais le droit de pleurer quand je ne l’ai pas fait. Que j’aurais dû le faire, pour ne pas accumuler autant de tristesse qui aura eu besoin de sortir par la force au lieu qu’elle soit recueillie avant par de la douceur pour moi même si je m'étais exprimé et avais moins fait la femme forte capable de tout endosser, tout supporter et traverser le feu en chantant. Ecouter que je ne peux parler de mes tristesses à personne et que ce n’est pas sain parce que je ne suis qu’expression et qu’il faut que ma tristesse aussi puisse sortir de moi et prendre sa place au même titre que ma joie si éclatante.

J’ai droit à la tristesse.

Et si je n’utilise pas mon droit d’être triste quand les autres font n’importe quoi avec moi, me malmènent et me rendent triste sciemment sans prendre en compte que comme tous les êtres humains, j’ai le droit à ce que l’on m’évite la tristesse et qu’on ne permette pas à n’importe quelle tarée de se ruer sur moi quand elle a ses règles parce qu’elle a le pouvoir en transformant mon histoire à son profit…

J’ai le droit que ma parole triste soit entendue pour m’éviter qu’elle ne s’engorge en moi et n'explose en face d’une biscotte écrasée en jus de pomme trop sucré. Et cela me conservera ma beauté, c’est à dire, ma  bonne santé mentale et physique.

Tout le monde devrait avoir le droit à la conservation de sa beauté. Le droit à la bonne santé mentale et physique qui fait rayonner les corps humains et les rendent beau. C'est ça la beauté. Le respect de soi, par soi et par les autres.

Aujourd’hui la beauté est devenu la capacité de s’attribuer les codes de beauté que des industriels ou des lobbys mettent en place pour nous faire acheter des produits censés nous rendre beau. Être beau n’est plus être respecté et en bonne santé (et donc capable d’engendrer des enfants en bonne santé et de s’en occuper correctement), mais est devenu, être suffisamment vicieux pour gagner de l’argent donné par un système vicieux pour acheter les codes visuels vicieux qui font croire aux autres que l’on est beau : le bon high lighter de la bonne couleur vendu par la bonne star élue femme la plus belle du monde par ceux qui produise son blush, les bonnes fesses implantées par le bon chirurgien sur la femme qui vient de s'acheter un bébé porté par une autre femme et qui n'a donc pas pu sortir de son corps présenté comme parfait, les belles fausses dents, les beaux faux seins, une beauté en papier glacé qui ne fait plus de beaux bébés...

Au fond, je n’ai pas grand chose contre tout ça et j’aurais même tendance à m’amuser beaucoup au jeu de la beauté superficielle, mais je pense qu’il faut faire attention, pour soi même, de conserver en priorité une bonne image de soi au naturel pour savoir encore s’arrêter et se câliner quand on ne se trouve pas belle et qu’on estime que nos yeux méritent bien un petit masque de camomille, naturelle, avec un moment de détente et de repos qui dit à notre corps « pardon, je t’aime avant tout comme tu es, ma beauté ».

 


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