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A l'heure où la famille a complétement éclatée et où il n'est plus forcément nécessaire d'entretenir des liens avec les différents individus qui constituent le cercle familial élargie pour survivre, est-il encore utile d'aimer sa famille ? Et pourquoi ?

 Pour nos enfants. C'est la première réponse.

Parce qu'une histoire familiale connue est une histoire personnelle mieux éclairée et que les détenteurs de toutes les informations familiales restent les membres de la famille. Mes filles partagent un mode de fonctionnement génétique avec des individus que j'ai les moyens de leur présenter afin qu'elles apprennent au mieux à se servir de leur bagage biologique. J'avais déjà aborder ce thème de l'héritage génétique et de la nécessité pour les enfants de voir fonctionner leurs parents pour apprendre à fonctionner et je pense que cela fonctionne aussi avec la famille élargie.

Il faut aimer chaque membre de sa famille, surtout les plus proches de notre filiation parce qu'ils ont les informations qui nous permettront de comprendre pourquoi nos parents nous ont éduqué comme ils l'ont fait, quand ils l'ont fait et cela nous donnera accès à la compréhension, donc au pardon et donc à la paix intérieur.

C'est parce que je sais que ma belle-mère a eu un lien avec sa mère très difficile et une éducation rude que je ne m'offusque plus qu'elle appelle mes filles par mon nom alors qu'elles partagent le même nom qu'elle et son fils. Je passe outre parce que quand ma fille a besoin d'information sur son origine paternelle, elle peut téléphoner à sa grand-mère et discuter avec elle. Je ne suis qu'un média dans l'histoire et mon rôle n'est pas de prendre en considération une personne que je ne connais pas et qui me connait encore moins, mais de faire en sorte que mes enfants la connaisse et qu'elle connaisse mes enfants.

Je sais aussi qu'en apprenant à mes filles à connaître leur grands-parents paternels, je leur apprend à comprendre leur père et je défais le lit de la haine que l'incompréhension pourrait laisser face à son absence. C'est en comprenant qui a élevé leur père que mes filles pourront avoir une idée de pourquoi il ne les a pas élevé lui. J'ai toujours maintenu un lien avec mes beaux-parents alors même que leur fils nous a abandonné, parce qu'ils sont le rempart au sentiment de détestation qui pourrait naître dans le coeur de mes enfants et leur pourrir la vie en leur faisant penser que les hommes sont des salauds abandonniques. Non. Leur père a une histoire, qui a une histoire, qui a une histoire... La connaître c'est la comprendre et la comprendre c'est s'en échapper.

Dans mon rôle de mère, je ne prends plus les choses de façon personnelle. Je calcule l'intérêt de mes enfants avant tout et place l'amour par dessus. Donc j'aime mes beaux-parents. Comme mes parents. Quoi qu'ils fassent.

C'est mon devoir de mère d'offrir à mes enfants le maximum d'informations sur leurs origines pour qu'elles puissent se construire sur des bases solides en ayant compris d'où elles viennent et en fonction de cela, vers où elles pourront avancer avec quel moyen. Et c'est mon devoir de mère de leur apprendre la clémence. Ce n'est pas pour rien que l'héroïne de mon roman s'appelle Clémence. Elle est le pardon à mon demi-frère maltraitant éternel, clément et elle incarne le sentiment principal qu'il faut développer pour créer sa propre famille et accepter celle dans laquelle on est né. La Clémence. C'est une lutte.

Je pourrais leur apprendre la facilité, la lutte familiale, le secret de famille pour arriver à leurs fins... Mais ce n'est pas la vie que je leur souhaite. Je leur souhaite l'apaisement, le pardon et de ne pas reproduire des histoires lourdes qui ne les concernent pas, même si elles en héritent.

Je souhaite que tout comme je pardonne à mon père et à ma mère les manquements dans mon éducation parce que j'ai assisté à leurs histoires et qu'ils m'ont un peu raconté celle d'avant ma naissance, mes filles puissent également comprendre mon histoire et les manquements dans leur éducation et me pardonner pour rester paisibles et sereines et continuer d'avancer. Je veux qu'elles sachent que si je leur ai fait du mal d'une façon ou d'une autre, ce mal était le résultat, la suite, du mal que moi même j'avais reçu bien avant elles et en tentant de vivre encore par la suite.

Je pense que le fait d'aimer sa famille, c'est la plus belle vengeance que l'on peut s'offrir en grandissant. Arriver en pleine maturité et se dire "et bien vous voyez... Tout le mal que vous m'avez fait, j'ai réussi à comprendre et pour cela, je vous pardonne et je vous aime quand même."

Ne pas laisser de place à la haine qui pourrait si facilement s'installer entre nous tous, mais chercher perpétuellement à communiquer avec chaque membre, quand cela est possible, pour garder un lien.

Je sais qu'il est parfois strictement impossible de rester en contact tant les blessures peuvent être profonde et certaines personnes toxiques au plus haut point. Car quand on parle familles, on parle de trahison grave, d'inceste, d'infidélité, de blessure toutes les plus cruelles les unes que les autres car nous sommes au coeur de l'intime... Mais pour avoir réussi souvent à dépasser nombres de mes colères contre ma famille, avec le temps, j'ai compris que la fierté qui ressort quand on est la personne qui ne coupe pas le dialogue est bien plus grande que la satisfaction que l'on peut ressentir à écraser quelqu'un qui nous blesse depuis l'enfance.

Je ne suis bien entendu pas capable de le faire souvent et avec tout le monde, mais les fois où j'y arrive j'escalade des montagnes et gagne quelque chose d'inestimable. De la sagesse et de la maturité. Je grandis.

Je serais la plus malheureuse si demain mes filles devaient se fâcher entre elles et ne plus se parler. Si elles devaient couper le lien famillial avec le reste de la famille ce serait une déchirure pour moi qui l'ai pourtant fait si souvent. Alors, depuis que je suis mère, même si j'interromps un temps le dialogue avec un membre de ma famille, parce que le taux de toxicité est trop élevé pour moi, je laisse le lien vivant entre ce membre et mes enfants en veillant à ce qu'elles restent traité avec respect et bienveillance.

Mes filles ont leur propre téléphone et il est accessible à n'importe quelle personne de ma famille, que j'accepte de lui parler ou pas, que nous soyons fâché ou pas. Je ne mêle jamais mes enfants aux querelles des adultes, mais je leur explique la situation, mon point de vue, ce qui me blesse et ce qui selon moi fait réagir la personne avec qui j'ai un désaccord de cette façon en essayant d'être la plus objective possible en étayant mes propos avec des récits de leur histoire personnelle. Ceci non pas dans le but de les incriminer, mais dans le but de permettre le pardon à mes filles afin qu'elles puissent comprendre non seulement notre désaccord, mais nos différents points de vue aux uns comme aux autres. Il n'y a pas forcément une personne qui a raison et une personne qui a tort, même si à la Maison il y aura un fort parti pris de mon côté, je tente d'expliquer le point de vue de tout le monde. Il y a des désaccords et des histoires personnelles différentes avec des sensibilités différentes et mes filles savent que je n'ai pas forcément raison. Elles m'apportent même leur éclairage souvent avec leur propre point de vue et toute la famille y gagne...

J'ai mon caractère, mes filles aussi et les membres de ma famille également. Je pense que si mes filles veulent se diriger correctement dans cette famille dont elles font partie, il faut qu'elles en comprennent bien non seulement les codes, mais aussi les personnages et cela passe par des confrontations épisodiques les plus agréables possibles.

Alors, que ma belle-mère appelle mes filles comme elle veut tant qu'elle les appelle et leur raconte qui elle est, que mon demi-frère m'insulte, mais laisse ses garçons voir mes filles, que ma mère me parle de haut, mais passe voir mes enfants, que chacun fasse ce qu'il a à faire, moi ça me va bien, c'est autant d'élément de réponses que je donne à mes enfants pour pouvoir se construire en ayant le maximum d'informations sur ce qui a pu pousser leur mère et leur père à les faire venir au monde et à les élever comme elle auront été élevé en ayant pu voir agir un panel important de personnes partageant leur héritage génétique agir, pour les aider à leur tour à choisir de reproduire ce qu'elles auront vu de leur histoire familiale, ou pas.

En attendant, j'aime ma famille.


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