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Bébé, viens ici ! Assis, au pied, pas bouger.

La dernière fois je me disais qu'il y a dans l'éducation que je pratique avec les enfants, quelque chose qui manque cruellement dans les conseils de parentalité positive et bienveillante que je lis sur Internet ou dans les livres : l'autorité. Alors je me suis demandais si c'est parce que je suis aussi Africaine et que nous sommes réputés pour être des parents autoritaires ou si c'est parce que je suis psychorigide ou autre chose... Et puis j'ai croisé une maman avec ses enfants et pendant que je lui parlais, ses enfants jouaient sur la route, devant une voiture dont le conducteur moitié bourré, moitié drogué, s'agaçait sur le petit qu'il commençait à vouloir faire passer sous ses roues pour lui faire comprendre où sont les trottoirs... (Ils vont tous mieux dehors, c'est impeccable. #Ironie) Toujours est il que cet épisode a répondu à mes questions. Jamais mes filles ne se mettront à papillonner loin de moi de cette façon. Et ce simple indice de comportement explique cette autorité naturelle que l'on retrouve dans le dressage des chiens, ou chez la maman canard, entre autre.

Quand j'ai eu 23 ans, j'ai acheté un chien. Mais comme je ne fais rien normalement, avant d'acheter mon chien, je me suis formé de longues heures, pendant des semaines sur Internet, jour et nuit, à comprendre comment dresser mon chien pour qu'il soit heureux et que moi aussi je le sois avec lui.

C'est ainsi qu'Hector, un west highland terrier a donc fait son entrée dans ma vie à un peu plus de 2 mois et pendant de longues semaines, je me suis appliquée à le dresser correctement. Mon ambition était de pouvoir l'emmener avec moi partout ou j'allais sans qu'il ne soit jamais dérangeant. Même ! Qu'il soit à ce point bien dresser que sa présence en devienne souhaitable par tous.

Et c'est ce qu'il s'est passé. Hector était un chien hors norme, extraordinaire et d'une intelligence et d'une gentillesse incroyable. Tous ceux et toutes celles qui l'ont connu l'ont aimé autant que moi et Dieu sait que je l'aimais. Je l'amenais partout, il est venu travailler avec moi en boîte de nuit, mais aussi à Radio France. Nous sommes parfois allés en reportage ensemble et il a connu trois de mes amants qui s'en sont occupé mieux que moi.

Le secret de dressage d'Hector tient en deux choses : la voix et la proximité physique obligatoire.

Pour dresser un chien de la race d'Hector, réputée pour être têtue, intelligente et cabocharde, il faut tout de suite se placer comme le mâle dominant de la meute. Il faut que le chiot sache que le maître possède la force physique, même s'il n'en fait jamais usage contre lui. Car il ne faut jamais faire usage de la force contre lui. C'est par la force du ton de sa voix que l'on s'impose au chiot et dans l'assurance des gestes dans les soins qu'on lui donne quand on le touche. Des gestes sans peur, sûrs et affirmés qui le sécurise autant qu'ils l'impressionnent. Le priver de sa présence suffit à punir le chiot quand il a abusé. Du genre quand il a mangé les murs de l'appartement qu'on louait pour notre formation radio à Andernos. Pas tuer le chien, pas tuer.

La voix doit toujours être très bienveillante avec le chiot, joueuse et joyeuse. Il faut l'inviter souvent à jouer et aux caresses et lui parler de tout et de rien tout en étant toujours attentive à ses besoins et ses envies pour y répondre. Cet échange instaure l'amitié. Mais aussi donne le ton, il apprend au chien à comprendre comment on interagit quand on est joyeux ou triste ou maussade, quand on plaisante ou quand on ne plaisante pas du tout. Ce n'est que face au danger que le ton doit se faire autoritaire et menaçant, c'est à dire le moins possible car le danger doit être écarté par le maître.

Une des clés de la réussite de la façon de poser l'autorité est dans la proximité physique dont je parlais tout à l'heure. Le chiot doit rester à nos pieds lors de la promenade dehors et à l'intérieur, il doit avoir la possibilité de venir se réconforter autant qu'il le veut en étant accueilli de caresses. Plus l'hyper proximité sera respecté, plus le chien deviendra autonome et se détachera de lui même. On commence donc avec la laisse, tenue courte et on avance lentement en obligeant le chiot à marcher à notre rythme et surtout à notre pied. Dès que le chiot tente de partir un peu plus vite, on sert la laisse pour le ramener à nos pieds en lui signifiant d'un "Non Hector, au pied" et on avance toujours aussi lentement. Le chien doit s'habituer à marcher dans une hyper proximité physique et plus il saura le faire de lui même (ce qui est assez rapide) et plus on pourra relâcher la laisse, puis l'enlever complètement.

Hector était très peu attaché et obéissait surtout à la voix, mais en réalité, je n'avais plus besoin de lui donner des consignes car elles étaient acquises. Il savait quand il pouvait s'éloigner et quand il devait rester près de moi. C'est cette hyper proximité physique qui nous a permis de pouvoir rester ensemble en société car les gens voyaient bien que le chien allait rester près de moi, m'obéissait et ne troublerait pas leur tranquillité. Quand nous rentrions dans un bar ou un restaurant par exemple, je lui demandais simplement de se coucher et il s'endormait à mes pieds jusqu'à ce que nous partions. Ce qui lui permettait de passer inaperçu et donc de rester.

Je suis strictement contre les laisses pour les enfants et je pense que ceux et celles qui les utilisent sont des malades mentaux qui n'ont pas conscience des défaillances psychiques qu'ils sont en train d'apporter à leur enfant. Un enfant se tient par la main et doit être guidé par des consignes de sécurité strictes qu'il doit apprendre à respecter pour gagner le droit de s'éloigner de l'adulte avec lequel il marche. La laisse pour enfant est une saloperie sans nom qui ne permet pas de transmettre aux enfants l'autorité dont ils ont besoins pour se sentir en sécurité. Un enfant sans cadre est un enfant maltraité et cette autorité bienveillante est le socle de l'éducation. Elle s'acquiert par un travail d'éducation, mais elle se donne aussi naturellement par l'enfant qui va respecter le parent quand il verra son parent se faire respecter par les autres et là on rentre dans une autre forme d'éducation qui est celle par l'exemple. Je te respecte parce que tu es respectable, que tu te respectes, tu te fais respecter et en plus, tu me respectes. Et ainsi né l'autorité naturelle.

De ma vie partagée avec Hector, j'ai gardé cette autorité naturelle avec les enfants ou les animaux avec lesquels je veux bien communiquer, quand ils veulent eux aussi rentrer en interaction avec moi. Mais surtout, j'ai appris qu'un être vivant est une vraie personne qui doit être respectée pour ce qu'elle est et entendu, même quand elle ne parle pas avec des mots, elle communique toujours d'une façon ou d'une autre dans un langage non verbal qui conserve dans un monde préservé, précieux et riche.

Les bébés, comme les chiots nous permettent de rester un temps dans ce monde non verbal si précieux, un monde qui a besoin de se sentir rassuré par des êtres bienveillants plus opérationnels qu'eux, qui voudront bien les accompagner dans ce monde immense dans lequel ils ne sont pas encore adaptés en échange de cette confiance qui s'appelle aussi : l'amour.

En hommage à Hector, un des plus grand amour de ma vie.


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