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Je me suis demandée comment j'avais fait pour élever mes enfants sans les taper à l'intérieur d'une boutique et une séparation à gérer et je me suis rappelé de l'utilisation très spéciale que je faisais des toilettes de ma boutique.

Ma boutique était une petite boutique composée d'une pièce unique et d'une petite pièce qui nous servait de toilette et de placard à balai. Il n'y avait pas vraiment d'échappatoire pour mes enfants et moi et nous passions la journée en vase clos toutes les trois.

Quand une des petites dépassait les limites ou faisait une crise de colère je lui expliquais qu'elle devait aller dans les toilettes pour se calmer, mais surtout pour que moi je puisse me calmer et ne pas lui faire de mal en m'énervant face à sa crise de nerf qui faisait naître la mienne !!!

Les toilettes n'ont donc jamais été utilisé comme "coin" Dans ma conception des choses, mais comme un mode de protection pour éviter que je ne fasse du mal à mes enfants en cédant aux instincts primaires de violences qui vivent en moi et se déclenchent automatiquement face à la violence.

J'ai très tôt expliqué à mes filles que quand moi même j'étais petite j'avais reçu des coups pour "m'éduquer" comme la grande majorité des enfants et que cette violence que j'avais reçu faisait ressurgir en moi des pulsions de violence que je ne voulais pas mettre en pratique sur elle et que donc pour éviter que je leur fasse du mal quand je sentais que ça monte, il valait mieux qu'elles s'éloignent de moi pour revenir plus tard plus calme.

Je leur signalait donc tout simplement de s'éloigner de moi le temps qu'elle se calme afin de ne pas provoquer ma violence. C'était la réalité. J'étais sincère. Je protégeais réellement mes filles de ma violence que je sentais monter en moi et c'est donc comme ça, par honnêteté que j'ai appris à ne jamais utiliser la violence contre mes enfants, mais à utiliser la parole pour les calmer, les éloigner ou pour rétablir un contact entre elles et moi.

Car en effet la consigne pour sortir des toilettes était de revenir une fois calme et c'était à l'enfant lui même de décider que son état lui permettait de se représenter devant moi sans risquer de provoquer ma colère et réveiller ma violence.

Quand mes filles revenaient vers moi après le coin-toilettes, il y avait toujours une grande explication les yeux dans les yeux, pour sortir de cet état nerveux et ramener la paix entre nous.

Je leur expliquais alors en quoi la situation ne me plaisait pas, pourquoi j'étais en colère, pourquoi leur attitude n'avait pas été correct et pourquoi elles ne devaient plus le faire, mais je leur expliquais aussi comment elles pouvaient faire à la place de péter un câble, pour ne pas rentrer en crise et ne pas me mettre en colère.

Et ça fonctionnait. Le fait d'expliquer comment sortir de la crise et comment ne pas la provoquer, le fait d'expliquer mon ressenti à l'enfant et de valider le sien était un moment crucial est très important de l'utilisation du "coin-toilettes".

Quand on vit avec des enfants, on remarque très vite que la pire des punitions pour eux est de ne pas être avec son adulte référent : sa mère de préférence.

Les enfants aiment être avec leur mère ou leur père. Ils aiment être avec les autres, ce qui est plutôt compréhensible au final.  Parce que c'est rassurant, parce que c'est drôle et que c'est la vie après tout.

Éloigner un enfant de soi et déjà une punition. L'isoler dans une pièce est une situation très difficile pour un enfant, mais s'il a conscience que cette situation difficile est un moindre mal par rapport à ce qu'il pourrait encourir s'il n'était pas placé dans cette situation, alors cela prend un sens et devient plus acceptable et cohérent.

Je pense que tous les enfants qui ont été violenté (c'est-à-dire la très grande majorité des gens) doivent prendre en compte leur propre capacité à gérer leur violence et c'est cela le plus difficile dans l'éducation non-violente : respecter sa propre violence et ne pas se rajouter de la violence supplémentaire en voulant nier cette violence en nous.

Ce sont mes filles qui m'ont appris à ne pas être violente avec elles. En parlant avec elles, en leur demandant de m'aider à ne pas être violente avec elles et cherchant toutes les trois les solutions que nous avons mises en place pour que je sois là moins violente possible.

Des solutions qui ont été les nôtres et ont fonctionné pour nous jusqu'à la disparition totale et durable des crises, mais chaque famille étant unique avec une histoire familiale unique, chacune trouvera ses propres solutions de lutte pour la non-violence si elles sont cherchées dans l'honnêteté.


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