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Je continue l'introspection de ma sexualité commencée par mon acte zoophile dont je parlais ici et ça me demande de me plonger il y a 16 ans déjà dans la relation que j'ai eu avec Jean-Michel Devésa, universitaire et auteur introduit dans le monde du BDSM et de son roman Un amour sans merci...

Depuis que j'ai écrit que je me suis faite lécher par mon petit chien il y a 15 ans, je réfléchis à mon parcours sexuel... Aux relations que j'ai entretenu et à ce qui a pu me conduire à délaisser les hommes à ce moment précis de ma vie pour m'adonner à la bestialité. La solitude et le cannabis...

Me confier sur cette épisode zoophile n'était pas chose aisée. Du tout. Et ça reste un exercice étrange, périlleux et difficile, mais qui a le mérite de remettre l'église au centre du village comme on dit. On ne se lève pas un matin en se disant "tiens je vais avouer publiquement que je me suis faite lécher par mon chien sur mon site Internet dans lequel je parle allaitement, éducation et cuisine !"

Depuis trop longtemps je me plains de cette image trop lisse de "bonne maman" que je traîne et dont je ne peux me défaire, puisque c'est ce que je suis, aussi, sans arriver à rétablir cette réalité qui me constitue, tout en négligeant que dans mon passé, j'ai déjà tous les outils pour ternir moi même mon image en expliquant tout simplement qui je suis réellement, par quoi je suis passé et comment j'ai traversé la vie... Et c'est cela qui me sortira de cette image trop lisse qui au final me dégoûte et m'emprisonne.

Après 16 ans donc, aujourd'hui j'ai enfin pris le temps et le courage de lire le livre de Jean-Michel : Un amour sans merci de Alexandre Gamberra. Ce livre retrace l'histoire de Jean-Michel avec la compagne qui m'a précédé dans sa vie et avec qui il a eu des expériences sadomasochiste et zoophile poussées.

Je n'ai non seulement jamais lu son livre, qui était pourtant un point central de sa vie à l'époque, donc de la mienne et dont il ne cessait de parler, mais je me suis aussi rendu compte que pendant toute la relation que j'ai entretenue avec Jean-Michel, je n'ai pas prêté autant d'attention que je le pensais à son monde et à son univers et que j'étais loin de me douter de la profondeur de tout ce que ça impliquait. J'ai surfé sur cette relation et m'en suis extraite sans réellement d'investissement de ma part pour qu'elle ne dure. Alors qu'il avait parlé mariage... Je ne le regrette pas, tout comme je n'ai jamais regretté ma relation avec Jean-Michel.

Je le redis encore, même si ça pourra paraître bizarre, mais j'aime beaucoup Jean-Michel. Encore maintenant. Mais à ce que j'ai vu, je l'aime d'une façon grossière, sans rentrer dans le détail. J'aime le personnage qu'il est. Et quelque part, je m'identifie encore un peu à lui. Dans le ridiculement tendre sans doute... Ou dans la recherche de transgression... D'échappée belle... Ou moche, mais d'échappée. Ce qui m'a déçue quand j'ai lu ce livre c'est qu'en réalité la personne qui est dans la transgression chez Jean-Michlel, c'est sa compagne. Qui qu'elle soit. Et non pas lui qui ne subit rien d'original dans sa sexualité.

Et puis je n'avais jamais lu ce livre parce que je ne voulais pas m'imprégner du style d'un auteur avant d'avoir trouvé le mien et d'avoir écrit mon propre livre (dès 12 ou 13 ans j'ai complètement arrêter de lire pour mon plaisir pour épargner mon imprégnation scripturale) ce qui est fait maintenant...

Un amour sans merci... Ce livre affiche dès le titre qu'un des deux protagonistes a oublié de faire quelque chose vis à vis de l'autre... Et ce n'est pas qui on croit. Si Jean-Michel ne cache pas son aigreur dans cette relation ratée, dès les premières lignes, voir dès le titre, au fil des pages, on se rend compte en fait qu'en guise de sa sexualité, il nous livre surtout celle d'une autre. Sa compagne. J'ai été triste de constater que Jean-Michel avait balancé sur la place publique la part hypra intime qu'une femme lui avait offert à lui et à lui seul, brisant, voir explosant toute bribe de confiance qui mène à l'amour. Un classique dans les ruptures. Surtout chez les gens du livre. J'en suis une illustration... La sexualité de Jean-Michel n'a rien du tout d'extraordinaire ou hors du commun. Il ne se fait pas sodomiser par des dobermans, ne se fait pas prendre par plusieurs personnes en même temps, ne dépasse jamais ses limites dans lesquelles il ne rentre même pas. Il fait faire tout ça à l'autre, mais en réalité, lui, il bande, pénètre, se fait sucer et jouit de la façon la plus banale du monde...

A la sortie de la lecture de ce livre (que j'ai survolé chez Mollat, je l'avoue, même si j'ai tout de même lu avec attention) je me suis surtout retrouvé dans un malaise profond. Ce livre a fait vaciller ma réalité en me plongeant dans un univers violent, hypocrite, sombre et froid que je pensais presque glamour derrière les photos en papier glacée si bien léchées qui véhiculent toutes ces idéologies et dont Jean-Michel avait le secret à la maison... Derrière le velours rouge, les dorures, la langue française si raffinée, le champagne fin et les bons petits plats entre gens du monde, j'ai trouvé... Le bordel. La crasse. L'exploitation de l'autre, par les deux protagonistes... Et la perdition. La déchéance.

Je me suis aussi surprise à être quelque peu excitée par l'acte finale qui pour le coups est un vrai acte zoophile mêlé à un gang bang. Excitée n'est pas réellement le bon mot. Il y a de la surprise déjà... De la curiosité aussi beaucoup, du voyeurisme... Je crois que j'ai plutôt été presque admirative, même si là encore le mot est un peu fort... En face de cette héroïne de roman, que je sais réelle et dont je connais le visage et presque le parfum pour avoir dormi dans le lit après elle et pour avoir eu a consoler son amant toujours à vif des mois après... Cette femme capable d'aller au bout de ses expérimentations de la vie par ambitions personnelles et de se donner par amour et par envie en pâture au chien s'il le faut...

Je ne suis pas mécontente d'avoir un caractère fort qui au final me protège et me permet de conserver un garde-fou dans les situations chelou... Mais en tant que femme, je pensais que le niveau d'amour et de confiance qu'il avait fallut à Virginie pour se livrer comme elle l'a fait et suivre Jean-Michel dans ses explorations, de son piercing au sexe, jusqu'à ses relations sexuelles ou sa soumission totale à ses moindres désirs... avait quelque chose de presque pure, même si délirant et lire le traitement qu'en fait l'auteur a quelque chose de très très très dérangeant. Mais les histoires d'amour se font à deux.

J'en suis à me dire qu'un homme qui a reçu autant d'une femme et qui écrit un livre pour encore lui cracher dessus, la démolir parce qu'elle a repris sa liberté, sans l'attaquer, ni le blesser, ni l'humilier publiquement, simplement en disposant de son corps et son coeur... Je ne sais pas... Je trouve ça peu élégant surtout parce qu'en réalité c'est très déséquilibré. Jean-Michel n'a rien donné de son corps. Et a profité de cette relation et du corps de Virginie pour faire carrière tout autant que l'héroïne, voir plus !!! Mais en le lui reprochant tout au long du roman... Ce "tu t'es servi de moi pour ton ambition" qui est répété tout au long de l'histoire dans un livre qui a lancé la carrière d'écrivain de celui qui a même fait écrire son héroïne dans son brûlot, elle qui semblait un personnage dès son entrée dans la vie de l'auteur... Cette façon de faire est très peu élégante et malaisante.

Je vois à travers mes yeux et mon expérience remplie aussi de solidarité féminine, mais je pense qu'il y a eu une mauvaise gestion des sentiments de la jeune héroïne par l'auteur qui n'a en réalité rien donné de son corps et n'a pas fait d'expériences sexuelles extrêmes pour accompagner son amoureuse et qu'il aurait fallut peu de chose pour que le couple reste ensemble... Un équilibre. Ici il s'agissait surtout de tester sur une cobaye idéale les fantasmes qui allaient permettre à un humain d'asseoir son image d'homme dominant aux yeux des autres, mais pas aux yeux de sa femme.  Ce livre, comme cette histoire est faite pour être montré et non pas pour être vécu dans le partage. Jean-Michel n'a rien partagé en réalité. Il lui suffisait de se faire mettre un plug dans le cul à un moment de l'histoire ou de sodomiser le chien et il se mettait au niveau d'amour de Virginie et à mon avis elle a attendu ce geste qui n'est jamais venu donc elle est parti. Comme moi.

On ne peut pas accepter de donner en continu ce qui nous est refusé. A un moment s'il y a un vrai amour, il faut un vrai partage et ça vaut pour l'expérience. Il n'y a ici aucun partage d'expérience en réalité. On est face à un homme qui fait vivre des expériences, mais s'en préserve pire que de la peste.

Et puis je me suis dit que j'ai de la chance. A ma façon. J'ai eu la chance de ne pas vivre cette histoire là et de n'en être que vaguement témoin, mais j'ai aussi eu la chance d'en bénéficier. Cette histoire de sexualité violente et bestiale a certes perverti la mienne, mais elle m'a aussi apporté un je ne sais quoi de force de caractère. Une autre façon d'être une femme et en cela Jean-Michel a tout a fait raison dans son récit, car aller avec un homme comme lui et rester, c'est s'offrir le luxe de vivre une histoire hors norme tout en ayant la sécurité et la stabilité d'un environnement plan-plan en réalité...

A 23 ans j'ai pu visiter Barcelone, Madrid, Ibiza, Paris au côté de Jean-Michel qui m'a appris à regarder la vie d'une façon plus brute, dénuée de certains faux semblants (parfois pour en rajouter d'autres). A ses côtés j'ai appris à m'affirmer en tant que femme sexuelle, objet de désir et à aimer ça, mais à devenir une jeune femme respectable aimée et protégée autant qu'exposée et salie. Une femme aux yeux des hommes en somme. D'aucuns diraient une pute... Mais personne n'a en réalité jamais payé personne dans cette histoire sans merci où tout le monde est la monnaie de la pièce de l'autre...

De ma relation avec Jean-Michel, et j'ai bien dû m'y résoudre, je ne garde que des souvenirs sympathiques et doux. Et le fait que j'ai pu m'en extraire, tout simplement, pour aller habiter dans mon petit appartement du bout de sa rue où ne nous sommes plus jamais croisé, montre la liberté dans laquelle j'étais en réalité. Finir cette relation était une délivrance, mais en réalité, la commencer, aussi.

 


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