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"Le tabac génère une forte dépendance et sa consommation est responsable de près de 6 millions de décès par an dans le monde dont 600 000 sont des non-fumeurs exposés à la fumée (tabagisme passif). De nombreuses maladies sont liées au tabagisme (maladies cardiovasculaires et cancers, entre autres)."

Et même en connaissant cette réalité, il reste très difficile de se sevrer du tabac et d'arrêter de fumer. Surtout que souvent la dépendance s'est installé dans les prémices de la vie en société et va donc de paire avec la socialisation et toutes les techniques mises en place pour s'intégrer socialement.  On commence à fumer pour faire comme les autres, on continue pour rester avec les autres et au final, je crois, on arrête pour se découvrir soi, enfin.

J'ai commencé à fumer à 15 ans avec ma meilleure amie et un groupe de garçons qu'elle fréquentait. Puis j'ai continué pour faire comme mes soeurs et ensuite parce que j'étais addict. A la faculté, j'ai fait deux tentatives de sevrage qui ont été des échecs et n'ont duré que 3 ou 4 mois d'enfer très compliqué avec un stress intense et une prise de poids trop importante pour moi.

Grâce à Dieu mes grossesses ne me permettent pas de supporter l'odeur de la cigarette. J'ai donc arrêté de fumer à chacune de mes grossesses, avant de reprendre quelques mois après chaque naissance de mes filles. La première fois, par manque de soutien total de leur père qui m'incitait à re-fumer "pour être moins chiante"... Sympa. Et la seconde fois... Aussi...

Il aura fallut attendre notre séparation géographique pour que je puisse enclencher mon arrêt total du tabac et plusieurs choses m'ont aidé : tout d'abord la santé de mes enfants que je transformais en fumeuses passives. C'était quelque chose de très très culpabilisant pour moi et cela me forçait à réfléchir à l'exemple que je leur donnais en tant que mère sur la façon dont je me traitais en malmenant mon corps. Comment expliquer à mes filles de ne pas fumer en ayant une cigarette à la main alors que je suis pour une éducation des enfants par l'exemple ?

La seconde chose qui m'a aidé à arrêter est l'argent. Mes finances commençaient à baisser drastiquement puisque la séparation géographique devenait économique et je me suis souvent entendu refuser des bonbons à mes enfants au bureau de tabac au motif que nous n'avions pas d'argent avant de poser 10€ sur le comptoir pour un paquet de marlboro qui n'allait me durer qu'un jour... J'avais honte de moi.

En étant mère au foyer célibataire auto-entrepreneure indépendante, je devais être sur tous les fronts : créer les produits de ma boutique, les vendre, assurer ma gestion administrative, les courses de la Maison, l'éducation des enfants non-scolarisées et même allaitée pour la plus petite et parfois, le soir tard, courir avec mes enfants au bureau de tabac le plus proche encore ouvert pour ne surtout pas risquer de passer une soirée sans cigarette. C'était l'enfer. La cigarette représentait alors à ce moment précis, absolument tout ce qui me pourrissait la vie et que j'acceptais de moi même de faire pour une raison obscure...

J'ai dit stop.

Pour mes enfants, pour moi, pour récupérer ma vie et mon pouvoir de décision. Arrêter la course et gagner ma vie vraiment.

Je suis allée dans un magasin de vapotage, ma petite portée dans mon dos et j'ai clairement donné mes objectifs : je veux arrêter de fumer en 3 mois. Dans 3 mois je veux que ce soit fini.

Nous avons donc déterminé mon absorption de nicotine hebdomadaire afin de pouvoir progressivement diminuer ce dosage et permettre à mon corps de se sortir en douceur de cette addiction morbide. J'ai acheté plusieurs fioles pour commencer mon mois de vapotage et j'ai chaque jour dû adapter mon comportement à mon état physique résultant de ma dépendance. Par exemple, le matin était le moment que je redoutais le plus. Le café-clope du matin était un moment pilier de ma journée comme chez beaucoup de fumeurs et il a fallut que je m'observe avec gentillesse pour comprendre comment répondre à mon attitude. L'odeur du café torturait mon corps en appelant de tout ses voeux cette première cigarette du matin qui me faisait dire que j'étais réveillée quand je fumais, alors je décidais de supprimer le café du matin.  Mais pour que ce soit progressif encore une fois, je décidais de commencer par supprimer celui du midi !!! Pour me féliciter de cette bravour, j'ai cherché ce qui me ferait le plus plaisir pour récompenser mon corps par le plaisir et le thé à la menthe a été ce que j'ai trouvé de mieux. Puis, comme je n'aime pas tellement le thé, je me suis dirigé vers les tisanes et j'ai commencé à explorer tous les goûts qui me faisaient envie pour arriver à me décider. Il m'aura fallut plus d'une année pour vaincre le café du matin, mais j'ai toujours fait preuve de beaucoup de gentillesse avec moi dans l'arrêt de mon tabagisme, c'était important pour moi que je me traite bien et progressivement...

Comme cela faisait déjà quelques jours que j'avais arrêté de fumer et que le vapotage me permettait vraiment de rester plutôt calme, mon sens du goût s'est redéveloppé avec mon odorat et mon explorations des tisanes du midi a pris un tout autre sens et allait au delà des tisanes. C'était tout mon système olfactif et gustatif qui se remettait en place. J'avais là ma première récompense.

Ma seconde récompense est arrivée assez rapidement également, le mois qui a suivi mon arrêt complet de la cigarette... Une récompense un peu spéciale puisque mes gencives se sont mise à saigner plus que d'habitude. Mes dents étaient devenues chaque jour plus blanches et les petites plaques noires de nicotine qui étaient cachées à l'intérieur de ma bouche, derrière la façade de mes dents commençaient à partir, mais le problème c'est que ces plaques de nicotines étaient aussi cachées dans mes gencives et l'arrêt du tabac cessait le colmatage de ces plaques par le goudron et permettait leur évacuation, ce qui mettait en lumière tous les dégâts que le tabac avait pu faire dans ma bouche et la fragilité de ma gencive. Je voyais enfin vraiment l'état réel de ma bouche et je pouvais commencer un vrai travail de soin. Le détartrage que j'ai fait m'a permis de totalement retrouvé la blancheur de mes dents (sans les plaques j'entends) et il a fallut quelques temps encore de brossage quotidien pour que je puisse retrouver des dents plus blanches et faire partir le jaune dû au tabac. Je regrette toutefois beaucoup d'avoir fumé et d'avoir touché à mon capital santé physique bien sûr, mais surtout bucco-dentaire. C'était complètement stupide...

Après un regain olfactif, gustatif et une meilleure hygiène bucco-dentaire, mon combat continuait. Accompagnée des vendeurs de la boutique de vapotage, nous avons continué à diminuer mon taux de nicotine dans ma cigarette électronique et je me persuadais chaque fois que j'inspirais ce produit qu'il était encore plus toxique et cancérigène que toutes les cigarettes du monde. J'ai vraiment toujours considéré que la cigarette électronique ne peut absolument pas et en aucun cas être considéré comme moins nocive que la cigarette traditionnelle et je pense que cette pensée a été la clé de ma guérison et de mon sevrage. A chaque inspiration je m'imaginais aspirer de la mort et m'en servir pour tout faire pour arrêter ce produit. Pour rester en bonne santé avec mes enfants. Me sortir de la petite mort par la grande mort, tout mettre en place pour lutter contre l'addiction, me battre mentalement pour ne plus me laisser diriger par un produit, mais m'en servir comme outil pour en chasser un autre.

Et puis un jour... Sans faire attention, mais ça commençait à m'arriver de plus en plus souvent, j'ai oublié ma cigarette électronique à la Maison. Je me suis retrouvé dans cette position d'esclave d'un produit à devoir chambouler toute ma vie pour mettre ce satané produit au centre de mon existence. Je me suis revu en train de courir au bureau de tabac avec mes filles, une dans sa poussette, l'autre marchant de ses petits pas à côté de moi, confiantes pendant que j'allais m'acheter le cancer, la maladie et la mort... Je me suis vu courir après... N'importe quoi. C'était tellement n'importe quoi. Alors je me suis dis non. Tu n'y vas pas. (Oui, je me tutoie quand je me parle.) Tu fais comme si tu n'avais rien vu, tu t'en fiche, tu fais autre chose, tu n'y vas pas, pense à autre chose.

Et je l'ai fait. J'ai pensé à autre chose, je me suis mise au travail, je me suis occupée de mes enfants, j'ai fait ma vie... Et j'ai gagné.

J'ai oublié ma cigarette électronique le lendemain et les jours qui ont suivi en me surprenant parfois, non pas à avoir envie de fumer, mais à ne pas en avoir envie ! Je me disais parfois d'un coups "tiens... Depuis quand je n'ai pas fumé moi ?" (Oui je me parle aussi parfois à la première personne...) et j'arrivais même à oublié depuis combien de temps je ne fumais plus.

Un jour, je suis retombé sur ma cigarette électronique dans un sac à main. J'ai souri en me disant "ah bah voilà, c'était là que je l'avais oublié !"... Je l'ai prise, l'ai regardé. Elle était belle, elle était toute rose. Pour les filles... Et puis je l'ai mise à la poubelle.

Depuis 5 ans je n'ai pas fumé. J'ai arrêté complètement le café que j'ai remplacé par la sieste. Je m'efforce au mieux de guérir mes dents des dégâts causés par presque 20 ans de tabagisme et j'ai réussi à stabiliser mon poids sans l'aide du tabac pour me réguler. J'ai grossi bien sûr... J'ai dû jeter tous mes pantalons qui ont explosé les uns après les autres... Mais je ne crois pas aujourd'hui que la taille 34 soit une taille saine pour moi. Pour éviter de prendre trop de poids et pour compenser mon manque de dépense énergétique, j'ai fait appel à une amie kiné qui m'a fait faire des exercices physiques ciblés deux fois par semaine pendant plusieurs semaines ce qui a vraiment permis à mon corps de retrouver son équilibre. J'ai acheté un élastique chez Décat' pour pouvoir faire des exercices de maintien à la Maison et de temps en temps quand je trouve que mon corps se relâche ou si j'ai besoin de me dépenser plus que d'habitude je n'hésite pas à faire une petite cure de sport à domicile, ou d'aquabike aussi parfois, si mon budget le permet...

Ma gestion de mon sommeil et de mes besoins de calme a radicalement changé depuis que j'ai arrêté de fumer. Je dors quand j'ai besoin et j'organise toute ma vie pour me permettre de dormir, moi, mais aussi mes enfants. J'ai compris l'importance du repos pour plus d'efficacité. Je ne cours plus après le temps. Je prends le temps de dormir autant qu'il faut pour avoir les idées claires, l'esprit éveillé et lucide le plus possible pour que mes actions ou mes paroles soient les plus posées possibles et les plus proches de ce que je suis pour avoir une vie en adéquation avec moi. Si je manque de sommeil, ce qui est plutôt rare actuellement, je me censure ou me modère fortement, je n'agis pas tout de suite, parce que je sais que je ne suis pas dans mon état normal et qu'il faut avant tout que je dorme. Mon sommeil est devenu aussi nécessaire que l'eau que je consomme également en plus grande quantité.

Ce qui me fait le plus peur, c'est de tomber amoureuse d'un homme fumeur de cannabis. Parce que je sais comme j'aime faire l'amour (déjà) sous l'emprise du cannabis (ensuite) et je ne sais pas tellement refuser l'association diabolique d'un homme dont je suis amoureuse et d'un acte sexuel sous l'emprise du cannabis. Si par malheur cela devait arrivé, je pense que je pourrais très facilement retomber dans l'addiction à la cigarette et en être très malheureuse. C'est pourquoi, et c'est triste à dire, mais je préfère éviter les fumeurs tout court, pour ma propre santé et celle de mes enfants. Ce qui m'exclut de tout un monde très "actif" puisque la cigarette et le café sont des excitants qui aident à la sur-activité... C'est dommage, mais c'est ainsi.

En attendant, je profite de ma victoire sur toutes mes addictions et je fais en sorte de ne pas retomber en dépendance de quelque produit que ce soit.

Pour arrêter la cigarette, je crois, il faut arrêter d'être celle qu'on n'est pas et accepter de se vivre telle qu'on est, avec ses propres limites, sans béquille, sans masque et sans enfumer personne, surtout pas soi même.


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